LE BRUIT DU SILENCE
Si l’on se réfère à la définition première de toute encyclopédie, le silence est l’absence de bruit. Or, chaque personne définit ses visions personnelles du silence (souvent polarisées selon nos expériences propres en « positif » ou « négatif »), de ce qu’il est, peut-être et implique. Il peut nous être imposé par divers moyens, ou s’imposer à nous par sa nature. On peut également choisir d’y accéder, de le sentir, de l’écouter. Le fait est que le silence ne s’intercale pas entre les bruits mais se tient présent en toute chose qui compose l’univers. Ainsi on serait à même de se demander plutôt ce qu’est le bruit.
Une image peut-elle véritablement être muette si « elle vous parle » ou même si « elle ne vous parle pas » ? Une image peut-elle provoquer du bruit, des bruits, en dépit de sa nature d’objet inerte ou animé, si tant est qu’elle ne soit pas accompagnée de musique ou d’effets sonores, si son sujet produit une réaction ?
Le mouvement est-il le bruit ? Rien est-il le silence ?
Ici, devant ces photographies qui sont par essence des objets statiques et non-parlants ; ici, dans ce lieu, cadre où le ou les bruits sont manifestes, l’on peut se poser la question du ou des silences. Par ces instants observés et choisis dans la trame du Temps, où l’on peut laisser l’extérieur nous pénétrer, le silence se prête volontiers à la contemplation, une forme de méditation, où l’on déploie son attention sans nécessairement exprimer une intention. On peut alors le sentir nous envelopper et modifier de manière perceptible l’espace et le temps autour de nous.
Ici on pourra apprécier le(s) sujet(s) par l’impression du bruit/des bruits qu’il fait/ils font, dans le silence de ce qui nous parait si habituel que cela en devient presque invisible. Car toute chose à une profondeur, et ce, même quand on ne la perçoit pas.